mardi 30 juin 2015

T’es pas fait en chocolat !

Je me souviens très bien d’avoir entendu cette expression durant mon enfance. L’idée est que les conditions météorologiques ne devraient pas représenter une raison valable pour ne pas aller jouer dehors. Malheureusement, de nos jours, les jeunes passent de moins en moins de temps à l’extérieur et ils consacrent davantage de temps à la télévision aux jeux vidéo, ordinateurs et téléphones soi-disant intelligents (Bassett et al., 2014). Nous savons également que plus de 90% des jeunes sont insuffisamment actifs (Colley et al., 2011).

Nous avons récemment effectué une revue systématique de la littérature sur la relation entre le temps passé à l’extérieur et la pratique d’activités physiques. Toutes les études, sans exception, ont observé que les enfants sont plus actifs quand ils sont à l’extérieur, et/ou que les enfants qui passent plus de temps à l’extérieur sont plus actifs dans l’ensemble de la journée. L’article en question a récemment été publié dans le revue International Journal of Environmental Research and Public Health.

Cette revue de la littérature indique sans ambiguïté qu’il y a un besoin criant d’encourager le jeu à l’extérieur. Par conséquent, nous avons publié dans la même revue un énoncé de position pour promouvoir le jeu à l’extérieur. Ce texte discute des nombreux autres bienfaits, dont notamment la prévention des maladies chroniques (ex : diabète, maladies cardiovasculaires, cancer) et le développement cognitif, social et affectif de l’enfant. Le jeu à l’extérieur est également bénéfique pour le développement de l’autonomie et de la résilience. Finalement, le texte discute des risques associés au temps passé à l’intérieur et du problème des parents-hélicoptère qui découragent l’activité physique.

Cet énoncé de position comprend plusieurs recommandations qui s’adressent autant aux parents qu’aux enseignants/éducateurs, aux directeurs d’écoles, aux urbanistes, aux médias, aux procureurs généraux et aux politiciens municipaux, provinciaux et fédéraux.

Fait intéressant à noter, les acteurs concernés ont été invités à évaluer l’énoncé. Plus de 95% des 1908 répondants ont indiqué qu’ils étaient fortement d’accord ou plutôt d’accord avec son contenu. Et ce, même si l’énoncé de position recommande entre autres de permettre aux enfants de s’adonner à des jeux actifs qui comportent un élément de risque.

Voici comment la question du « risque » est abordée dans cet énoncé :

« Le mot « risque » a mauvaise presse auprès des parents, du voisinage, des professionnels de la santé, des détenteurs de polices d’assurance, des écoles et des municipalités. Toutefois, pratiquer un « jeu actif comportant un risque » ne signifie pas de s’exposer au danger, comme patiner sur un lac semi-gelé ou permettre à un enfant d’âge préscolaire de se rendre seul au parc. Le jeu actif comportant un risque correspond plutôt au jeu que les enfants considèrent excitant, où les blessures peuvent arriver, mais où les enfants peuvent reconnaître et évaluer les défis en fonction de leurs propres habiletés. Permettre ce type de jeu signifie de donner aux enfants la liberté d’apprendre à grimper, d’explorer la forêt, de se salir, de jouer à la cachette, de se promener dans le quartier, de se tenir en équilibre, de faire des culbutes et de se chamailler, surtout dehors, afin d’être physiquement actifs, de développer diverses habiletés, de même que leur confiance en eux, leur autonomie, leur résilience, leur capacité à résoudre des problèmes, ainsi que de connaître leurs propres limites. Il s’agit de laisser les enfants être des enfants, mais plus en santé et plus actifs. »

Si vous voulez en savoir davantage sur ces initiatives, je vous invite à consulter le site web de ParticipACTION : http://www.participaction.com/fr/bulletin-2015/bulletin-de-lactivite-physique/  


Références

Bassett DR Jr., John D, Conger SA, Fitzhugh EC, Coe DP. (sous presse). Trends in physical activity and sedentary behaviors of U.S. youth. Journal of Physical Activity & Health.

Colley RC, Garriguet D, Janssen I, Craig CL, Clarke J, Tremblay MS. (2011). Physical activity of Canadian children and youth: accelerometer results from the 2007 to 2009 Canadian Health Measures Survey. Health Reports, 22(1), 15-23.

Gray C, Gibbons R, Larouche R, Sandseter EBH, Bienenstock A, Brussoni M, Chabot G, Herrington S, Janssen I, Pickett W, Power M, Stanger N, Sampson M, Tremblay MS. (2015). What is the relationship between outdoor time and physical activity, sedentary behaviour, and physical fitness in in children? A systematic review. International Journal of Environmental Research and Public Health, 12, 6455-6474.

Tremblay MS, Gray C, Babcock S, Barnes J, Bradstreet CC, Carr D, Chabot G, Choquette L, Chorney D, Collyer C, Devane S, Herrington S, Janson K, Janssen I, Larouche R, LeBlanc C, Pickett W, Power M, Sandseter EBH, Simon B, Brussoni M. (2015). Position statement on active outdoor play. International Journal of Environmental Research and Public Health, 12, 6475-6505.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire