vendredi 17 août 2012

Le transport actif en milieu rural : mission impossible?

Je vous écris de Philadelphie, où j'ai présenté hier après-midi les résultats d'une de nos études au congrès de la North American Society for Pediatric Exercise Medicine. L'étude en question portait sur les impacts du transport actif sur la pratique d'activités physiques (mesurée avec des podomètres), la condition physique et la composition corporelle (indice de masse corporelle, tour de taille). L'échantillon comprend 649 jeunes de la 3è à la 8è année (soit de 8 à 14 ans) et la grande majorité d'entre eux vivent en milieu rural ou en banlieue, contrairement à la plupart des études sur le transport actif qui ont été réalisées en milieux urbains.

Malgré les nombreux bienfaits du transport actif chez les jeunes, la plupart des jeunes habitant en milieu rural vont à l'école en autobus. Dans notre étude, seulement 19,3% des participants utilisaient des modes de transport actif. Ce résultat n'est guère surprenant parce qu'une revue systématique des études scientifiques ayant évalué les facteurs environnementaux associés au transport actif a montré que la distance entre l'école et la maison est le facteur le plus souvent associé à l'utilisation du transport actif (Wong et al., 2011). Plus la distance est grande, moins le transport actif est fréquent, et il semble qu'en général, les Nord-Américains ne sont pas prêts à parcourir d'aussi grandes distances à pieds ou à vélo que les Européens. 

Dans notre étude, nous n'avons constaté aucune différence significative au niveau de la pratique d'activités physiques entre les jeunes qui utilisaient des modes de transport actif vs. passif (autobus, voiture). Dans ce contexte, il n'est pas étonnant qu'il n'y avait aucune différence au niveau de la condition physique et de la composition corporelle. Ces résultats sont en contradiction avec les plupart des études sur le sujet qui ont observé que le transport actif était associé avec une pratique d'activité physique et une capacité cardiovasculaire supérieure (Larouche et al., sous presse).

La principale hypothèse que nous avons pour expliquer ces résultats est que ce sont seulement les jeunes qui habitent à côté de l'école qui utilisent le transport actif (peu importe leur intérêt pour l'activité physique) et, qu'à l'opposé, les parents de plusieurs jeunes actifs, mais qui habitent loin de leur école, considèrent que le transport actif est tout simplement impossible. Ceci soulève la question suivante : est-il possible de promouvoir le transport actif chez les jeunes habitant en milieu rural?


Mission impossible?

Bien qu'il soit ardu de promouvoir le transport actif auprès de cette population, je crois que c'est possible de le faire. Justement, une école située à Milton en Ontario (à ne pas confondre avec Hamilton...) a réussi à faire en sorte que près de 100% des élèves utilisent le transport actif. La solution: l'école organise des pédibus et des vélobus (dans lesquels les jeunes se rendent à l'école en groupe en compagnie d'adultes bénévoles, ainsi les parents n'ont pas peur de permettre à leur enfant de se déplacer à pieds ou à vélo). De plus, les élèves qui prennent l'autobus peuvent débarquer à environ 1 km de l'école et ainsi se joindre au pédibus.

Nous avons discuté de cette initiative intéressante dans la section sur le transport actif du Bulletin de Jeunes en Forme Canada en 2011. En espérant que d'autres écoles s'inspireront de cet exemple pour faire en sorte que le transport actif ne soit plus perçu comme "mission impossible" chez les gens habitant en milieu rural ou en banlieue...


Références

Larouche R, Saunders TJ, Faulkner GEJ, Colley RC, Tremblay MS. Associations between active school transport and physical activity, body composition and cardiovascular fitness: a systematic review of 68 studies. Journal of Physical Activity and Health. Sous presse.

Wong BYM, Faulkner G, Buliung R.GIS measured environmental correlates of active school transport: a systematic review of 14 studies. International Journal of Behaviroral Nutrition and Physical Activity 2011;8(39). http://www.ijbnpa.org/content/8/1/39

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