mercredi 16 mai 2012

Bon Tour du silence !

C’est aujourd’hui qu’à lieu le Tour du silence dans des centaines de villes à travers le monde. Cet évènement annuel a principalement pour but de sensibiliser les gens à la sécurité routière et au respect entre les différents usagers de la route. Vous trouverez plus de détails sur le site web de la Fédération Québécoise des sports cyclistes.

Bien que le nombre de cyclistes décédés suite à un accident routier ait diminué au Québec en 2011 (et ce malgré une légère hausse du nombre de cyclistes au cours des dernières années), il reste encore beaucoup de chemin à faire pour  rejoindre les pays d’Europe du Nord au niveau de la sécurité routière.

Beaucoup de chemin à faire…

Parlant d’accidents de la route, les lecteurs Québécois ont probablement entendu parler de la tragédie de Rougemont en Montérégie qui a eu lieu en mai 2010. Un conducteur endormi au volant sur la route 112 avait frappé 6 cyclistes entraînant la mort de 3 femmes. Les conclusions du rapport du coroner ont été rendues publiques hier matin dans La Presse. Selon le coroner, l’automobiliste s’était bel et bien endormi.

Or, à ma connaissance, aucune accusation n’a été portée contre le conducteur. Il me semble pourtant qu’une personne qui s’endort au volant d’une camionnette et qui est ensuite impliquée dans un accident devrait être accusée de négligence criminelle (ayant causé la mort dans ce cas particulier). Ce serait certainement le cas si l’accident en question avait eu lieu aux Pays-Bas, là où les automobilistes impliqués dans une collision routière ont le fardeau de prouver qu’ils n’ont pas agi de façon négligente.

Hélas, au Québec, comme aux États-Unis[i], ce sont souvent les victimes qui sont blâmées par les tribunaux. De plus, lorsque les médias rapportent des accidents impliquant un (ou des) cycliste(s), les articles se terminent souvent par une phrase comme « le cycliste ne portait pas de casque ». L’ajout d’une telle phrase en conclusion sous-entend pratiquement que le cycliste fut l’artisan de son propre malheur. Pourtant l’énergie cinétique du véhicule motorisé impliqué dans la collision est, sans l’ombre d’un doute, le principal facteur déterminant de la gravité de la blessure.

Justement, le coroner a souligné à grands traits que les cyclistes roulaient en peloton à deux files, ce qui contrevient apparemment au code de la sécurité routière[ii]. Même aux États-Unis – qui ne sont pas reconnus pour leur avant-gardisme en matière de cyclisme – certains états autorisent les cyclistes à circuler en peloton à deux files. Il serait peut-être temps de moderniser le code de la route en autorisant cette pratique, dans la mesure où il est possible pour les automobilistes de contourner les cyclistes de façon sécuritaire.

Ceci pourrait contribuer à changer la norme sociale ; autrement dit, à faire en sorte que le vélo soit perçu comme un mode de transport légitime, et non seulement comme un loisir. Il faudra de nombreux évènements comme le Tour du silence pour changer les mentalités…

[i] Aux États-Unis, l’avocat Bob Mionske, spécialiste des causes impliquant des cyclistes, illustre cette tendance de façon éloquente sur son blogue: http://bicycling.com/blogs/roadrights/
[ii] D’ailleurs, si tel est le cas, de nombreux clubs cyclistes ne connaissent pas ce règlement car il est monnaie courante d’observer des pelotons doubles.

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