jeudi 15 mars 2012

Les (woo)nerfs !

Comme à chaque année, la fonte des neiges est associée à la réapparition des cyclistes sur les routes. Bien sûr, les cyclistes n’hibernent pas tous, mais ils sont pas mal moins nombreux durant l’hiver. Lorsque le nombre de cyclistes diminue, certains automobilistes semblent oublier le fait qu’ils DOIVENT partager la route et ceci entraîne des conflits[i] entre les automobilistes et les cyclistes qui revendiquent leur droit d’utiliser la route.

Ainsi, l’idée du billet d’aujourd’hui m’est venue au cours d’une promenade printanière (que dis-je, c’est encore l’hiver, c’est seulement la température qui est printanière depuis une semaine…) dimanche dernier. Un petit 85 kilomètres dans les collines de l’Outaouais J Même si je roulais le plus à droite possible de la chaussée, j’ai eu droit à plusieurs coups de klaxon d’automobilistes impatients.

Voilà qui explique le mot « nerfs », parce que certaines personnes ont besoin de se calmer les nerfs ! Surtout que c’est rare qu’il y a des urgences nationales le dimanche après-midi… Quant au « woo », il ne veut pas nécessairement dire « Wô les nerfs ! ».


Les woonerfs

Woonerf est plutôt un mot Néerlandais qui désigne une rue ou un quartier où les piétons et cyclistes ont priorité sur les automobilistes. Ces derniers ont tout de même le droit d’utiliser la rue, mais ils doivent céder le passage aux piétons et aux cyclistes. Les woonerfs contiennent souvent une signalisation particulière, des limites de vitesse très basse et diverses mesures d’apaisement de la circulation (comme des dos d’âne et un rétrécissement de la chaussée près des intersections). Vous trouverez un bel exemple en page 38 de cet article.

Les woonerfs sont particulièrement nombreux aux Pays-Bas et en Flandres (la portion Néerlandaise de la Belgique). Il existe aussi un concept équivalent en Allemagne : les « spielstrassen » qui sont des rues où la limite de vitesse est fixée à 7 km/h et où les automobilistes doivent céder le passage aux piétons, aux cyclistes et aux enfants qui jouent dans la rue. Le message sous-entendu derrière ces aménagements est que la rue appartient à tous les citoyens. Les parents peuvent ainsi être moins craintifs à l’idée que leurs enfants jouent dehors comme dans le bon vieux temps. C’est tout un contraste avec les autobahn !

Dans ces régions (ainsi qu’au Danemark), les woonerfs sont souvent implantés dans des voisinages complets. Ceci permet de diriger le trafic vers les grandes artères où l’on retrouve habituellement des bandes cyclables ! Ainsi, ces régions possèdent un réseau routier bien intégré qui facilite l’utilisation du vélo comme moyen de transport. Il n’est donc pas étonnant que les cyclistes y soient beaucoup plus nombreux et que les relations entre les cyclistes et les automobilistes y soient moins hostiles.


Par ici…

Je crois que les lecteurs réguliers de ce blogue ne seront guère surpris d’apprendre que les woonerfs sont extrêmement rares en Amérique du Nord... À Montréal, un premier woonerf est en construction dans l’arrondissement Saint-Henri. Il y a plusieurs informations disponibles à ce sujet sur le site web de la ville. À ma connaissance, il n’y en a présentement aucun autre au Québec. À Ottawa, il y a un projet à l’étude mais rien de concret pour le moment. Espérons qu'il y en aura d'autres éventuellement...


[i] Bien entendu, il y a aussi un certain nombre de cyclistes irrespectueux, sauf que ceux-ci ne représentent pas un grand danger pour les automobilistes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire