mardi 13 décembre 2011

Le sommet de Durban accouche d’un agenda


La conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’est terminée dimanche matin suite à une prolongation des négociations pendant 36 heures supplémentaires. Ceci a permis d’établir un plan de négociations en vue de créer un nouvel accord international d’ici 2015, mais ledit accord entrerait en vigueur en... 2020.

Il y a malgré tout deux modestes bonnes nouvelles. D’abord les pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil ont accepté de mettre un peu d’eau dans leur vin en s’engageant, éventuellement,  à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est la première fois que ces pays démontrent une certaine ouverture à l’idée d’un accord contraignant.

La deuxième bonne nouvelle, c’est que le Protocole de Kyoto n’est pas mort et enterré. Il y aura une deuxième phase du traité pour la période de 2012 à 2017. Hélas, étant donné qu’un groupe important de pays industrialisés ont renié leurs objectifs (Canada, États-Unis, Russie et Japon), la prolongation du Protocole ne concerne, à toutes fins pratiques, que les pays Européens qui s’étaient déjà engagés lors de la conférence de Copenhague en 2009 à réduire leurs émissions de GES de 20% d’ici 2020 (par rapport à 1990).

Plusieurs politiciens ont décrit ces deux nouvelles comme une avancée significative pour réduire l’impact des changements climatiques. Il ne faudrait toutefois pas se réjouir trop vite car les objectifs adoptés par les différents pays demeurent nettement insuffisants pour réduire les émissions mondiales de GES de façon absolue. De plus, neuf ans, en politique, c’est pratiquement une éternité. Il est toujours possible que certains gouvernements « virent leur veste de bord » comme l’a fait le gouvernement Canadien.

« Parlant du diable » comme on dit, ce dernier a profité de la conférence de Durban pour donner le feu vert à un projet d’exploitation de 9 milliards dans les sables bitumineux. Ensuite, le gouvernement Canadien a annoncé officiellement hier soir qu’il se retire du Protocole de Kyoto. Il profite ainsi du fait que la date limite pour se retirer du Protocole est le 31 décembre 2011. Faute de quoi le Canada serait passible d’une amende pouvant atteindre jusqu’à 18,9 milliards étant donné que ses émissions de GES ont augmenté d’environ 30% depuis 1990, alors que le précédent gouvernement s’était engagé à les réduire de 6%.

De cette manière, le gouvernement Canadien ayant tergiversé pendant 21 ans ne se trouvera pas dépourvu quand l’échéance du Protocole de Kyoto sera venue… parce qu’il a su profiter des failles dudit protocole. Par contre, il est fort probable que la réputation du Canada en prenne pour son rhume. Il n’est donc guère étonnant que le Canada se soit vu décerner une panoplie de prix fossiles pour ajouter à sa collection déjà bien garnie.

En somme, le bilan du sommet de Durban est, au mieux, très mitigé. Si comme l’affirme François Cardinal, le pire scénario a été évité (celui de la fin de la lutte aux changements climatiques dans le contexte financier actuel), les avancées sont, pour l’instant, très théoriques. À mon avis, cette entente se résume en quelque sorte comme le plus petit commun dénominateur, soit un agenda imprécis qui pourrait être vulnérable aux sophismes de certains politiciens.

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