mardi 21 décembre 2010

Transport actif et réaction au stress

D’après une étude pancanadienne, les gens qui se rendent au travail en vélo sont – et de très loin – les plus susceptible de considérer leur trajet comme étant agréable (Turcotte, 2006). Suivent dans l’ordre ceux qui se rendent au travail à pied, en voiture et en autobus.  De plus, les gens qui devaient consacrer plus de temps au transport et ceux qui devaient parcourir une plus grande distance étaient moins nombreux à apprécier cette activité.

Ces derniers résultats sont cohérents avec ceux d’une étude États-Unienne où les participants qui passaient plus de temps dans le trafic rapportaient davantage de stress (Evans et Wener, 2006). Toutefois, jusqu’à maintenant les chercheurs avaient surtout évalué la perception du stress, et non le stress en tant que tel.

Or, une autre étude États-Unienne récemment paru dans la revue Medicine & Science in Sports & Exercise s’est intéressée précisément à cette question (Lambiase et al., 2010).  La moitié des 40 participants (le groupe expérimental) ont effectué une marche de 1.6 km sur un tapis roulant. Pendant cette marche, des images étaient projetés pour simuler un trajet entre la maison et l’école dans un quartier paisible favorable à la marche.  L’autre moitié des participants (le groupe témoin) devaient simplement s’asseoir pendant environ 20 minutes dans le laboratoire en regardant les mêmes images.

Le but de l’expérience était de mesurer la réaction des participants à un test de stress cognitif.  Les chercheurs ont mesuré la fréquence cardiaque, la pression artérielle et le stress perçu par les participants. L’augmentation de la fréquence cardiaque causée par le test de stress a été 5 fois plus faible chez les participants du groupe expérimental tandis que la hausse de la pression artérielle systolique[1] a été 3 fois plus faible. L’augmentation du stress perçu par les participants du groupe expérimental était également nettement inférieure.

En somme, cette étude expérimentale suggère que le transport actif permet d’améliorer la réaction au stress du système cardiovasculaire, ce qui d’après les auteurs, pourrait engendrer une réduction du risque de maladies cardiovasculaires. Justement, dans notre recension des écrits publiée plus tôt cet automne (Larouche et Trudeau, 2010), nous avons décrit quelques études prospectives qui illustrent que le transport actif permet de réduire le risque de maladies cardiovasculaires.

Références
Evans, G.W., & Wener, R.E. (2006). Rail commuting duration and passenger stress. Health Psychology, 25(3), 408-412.
Lambiase, M.J., Barry, H.M., & Roemmich, J.N. (2010). Effect of a simulated active commute to school on cardiovascular stress reactivity. Medicine & Science in Sports & Exercise, 42(8), 1609-1616.
Larouche, R. et Trudeau, F. (2010). Étude des impacts du transport actif sur la pratique d’activités physiques et la santé et de ses principaux déterminants. Science & Sports, 25, 227-237.
Turcotte, M. (2006). Like commuting? Workers’ perceptions of their daily commute. Canadian Social Trends. Statistics Canada.


[1] La pression systolique correspond à la contraction du cœur (lorsqu’il pompe le sang vers les artères) et la pression diastolique correspond à la phase de relaxation du cœur (lorsque le sang provenant des veines entre dans le cœur).

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